1. Hébergement d'urgence (8)


    Datte: 10/04/2019, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Exorium, Source: Hds

    – La salope ! C’est pas vrai qu’elle vous a dit ça ? Non, mais quelle salope !
    
    Elle se coupait les ongles des orteils, assise sur une chaise dans la cuisine, nue, la jambe gauche pliée relevée haut, le talon bien calé contre la fesse, la joue posée sur le genou.
    
    – Elle veut me piquer ma place, quoi, en fait !
    
    – Je crois pas, non ! Plutôt se faire aussi embaucher.
    
    – Tu parles ! Ça se voit tout de suite qu’il y a pas besoin de deux vendeuses dans votre machin. Non, c’est clair comme de l’eau de roche où elle veut en venir. Et quand je pense qu’elle vous a carrément balancé ses nibards sous le nez ! Faut vraiment être prête à tout, hein !
    
    Elle a ramené sa jambe droite au large sur le côté, ce qui a délicieusement entrebâillé sa petite encoche d’amour, m’a laissé longuement entrevoir ses pétales rosés.
    
    Elle a relevé la tête.
    
    – Qu’est-ce vous allez faire ?
    
    – Comment ça ?
    
    – Vous allez l’embaucher ?
    
    – Sûrement pas, non.
    
    – Je sais pas. Ce genre de nanas, quand elles veulent quelque chose, elles finissent toujours par l’obtenir.
    
    – Pas forcément.
    
    – Oh, si ! Elle va pas vous lâcher. Elle va revenir. Elle va vous faire du rentre-dedans comme c’est pas permis. Vous êtes un mec. Et elle a l’attrait de la nouveauté pour vous. En plus !
    
    Elle a changé de pied. De jambe. Ça la lui a fait bâiller un peu plus encore. En replis feuilletés. En anfractuosités dentelées.
    
    – Mais si elle s’imagine que je vais lui abandonner le terrain comme ça ! Alors là, ...
    ... elle a tout faux. Je vais me battre.
    
    – T’auras pas besoin.
    
    Elle m’a jeté un regard tout à la fois lumineux et sceptique.
    
    – C’est vrai ?
    
    – Bien sûr que c’est vrai.
    
    Je me suis penché pour lui déposer un baiser sur le front.
    
    – Te prends pas la tête pour ça.
    
    Elle m’a retenu, les deux bras passés autour de mon cou.
    
    – Même si j’ai pas toujours l’air, je tiens beaucoup à vous, moi, tu sais !
    
    * *
    
    *
    
    Elle est allée passer son dimanche chez ses parents.
    
    – Faut bien, quand même, de temps en temps. C’est la purge, mais bon…
    
    Est rentrée sur le coup de sept heures.
    
    – Tu veux manger quoi ?
    
    – Je sais pas. Mais ce que je me disais, en rentrant, c’est que peut-être on aurait pu aller au restaurant. Ça nous aurait donné l’occasion de parler.
    
    – Ah, parce que tu trouves qu’on parle pas ?
    
    – Si ! Bien sûr ! Si ! Mais c’est pas pareil au restaurant. Ça change. On n’est pas chez soi. Il y a une atmosphère complètement différente. Alors on dit pas les mêmes choses. Ou on les dit pas de la même manière.
    
    Et on s’est retrouvés au restaurant tous les deux. Un restaurant qu’elle a choisi.
    
    – C’est moi qui vous l’offre n’importe comment…
    
    Avec nappes blanches, chandelles torsadées cassis et lumières tamisées.
    
    – C’est pas que j’aie des goûts de luxe, mais bon, ça dépayse une fois de temps en temps.
    
    À peine le serveur avait-il pris la commande qu’elle s’est lancée.
    
    – Je peux vous demander quelque chose ? Pourquoi vous avez pas de femme ?
    
    – ...
«123»