1. Rééduqué au jus par les gilets jaunes (1)


    Datte: 04/04/2019, Catégories: Gay Auteur: Heliotrope, Source: Xstory

    A 29 ans, Jean-Charles était l’archétype du petit con de l’ouest parisien. Cheveux gominés, moustache impeccable, habillé des pieds à la tête avec des fringues hors de prix. Il avait toute la panoplie du vendeur arrogant qui mérite des baffes. Une ligne de coke dans les toilettes et le voilà frais pour démarrer une longue journée en tant que responsable des ventes dans une des boutiques les plus chics des Champs-Elysées. Pourtant à quelques semaines de Noël ce n’est pas la première fois qu’il s’inquiète des manifestations des gilets jaunes, derrière son costard noir étriqué. Aujourd’hui pourtant la police n’avait pas annoncé de manifestations et malgré un bris de glace la semaine passée, Jean-Charles était en train de finir l’inventaire, seul dans la boutique. Soudain, sorti de nulle part une vingtaine de manifestants arrivent par la rue de derrière en courant. Alors que le vendeur commençait à paniquer, il entendait des cris et des affrontements entre policiers et gilets jaunes déjà tendus depuis des semaines.
    
    — Foutu vigile ! Qu’est-ce qu’il lui a pris d’être malade aujourd’hui ? pesta-t-il dans sa barbe alors qu’il cherchait frénétiquement son badge pour activer la fermeture automatique du rideau métallique de l’entrée.
    
    Alors qu’il se baissait derrière le comptoir pour ne pas être vu, il entendit un crissement dans le rideau métallique qui ne claqua pas au sol comme d’habitude. En se relevant il vit avec horreurs qui deux gilets jaunes avaient bloqué le rideau et ...
    ... été rentrés dans la boutique.
    
    — Tiens tiens on se cache le fils à papa ? dit Rémy, 48 ans ouvrier au chômage, solidement bâti
    
    — Me touchez pas où j’appelle la police, s’enquit Jean-Charles
    
    — Ah ouais mec fais le malin t’as vu ! ajouta Walid, grand rebeu de 26 ans à la barbe fournie, dealer à ses heures
    
    — Vous ne me faites pas peur bande de merdes ! cracha Jean-Charles dont l’arrogance et la stupidité l’empêchaient de réaliser qu’il était temps de faire profil bas et de calmer le jeu.
    
    — Mais c’est qu’il se défend le petit pédé! dit Walid en écrasant l’épaule du vendeur qui couina soudain de douleur en courbant le dos
    
    — On va devoir lui apprendre la politesse ! ajouta Rémy avec un sourire.
    
    Les deux hommes, qui avaient leurs propres raisons de haïr le système, s’étaient rencontrés en marge des manifestations. Rémy avec son crâne rasé, son visage dur et ses épaules carrées avait l’air d’un molosse. Il avait été licencié par son usine qui avait délocalisé il y a deux ans et venait crier son ras-le-bol depuis plusieurs semaines. Walid venait de la banlieue parisienne. Après des dizaines de jobs aussi précaires qu’usants il avait préféré alterner entre chômage et deals occasionnels. Son teint légèrement hâlé et sa musculature fine adoucissaient son caractère explosif et sa voix cassée.
    
    Rémy et Walid traînèrent Jean-Charles dans l’arrière-boutique et eurent immédiatement la même pensée. Alors que le vendeur insolent était à genoux au milieu des cartons, les deux ...
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