Corps à corde
Datte: 03/04/2019,
Catégories:
ffh,
campagne,
amour,
fsoumise,
hsoumis,
fdomine,
hdomine,
attache,
BDSM / Fétichisme
poésie,
exercice,
Humour
couplea3,
Auteur: Eric Grand, Source: Revebebe
... finalement que mes phalanges sont intimement enlacées avec des congénères. Ainsi, l’engourdissement de ma main doit être le fruit d’une longue étreinte inconsciente.
Des bribes d’événements nocturnes commencent à habiller mes pensées. Les émotions de la nuit se font jour en moi, mais le scénario m’échappe. Chaque péripétie parvient unitairement jusqu’à ma conscience, telle des bulles d’air remontant une à une de profondeurs insondables. J’ai l’impression de redécouvrir les cases d’une bande dessinée connue, mais de ne plus en saisir la chronologie : Catherine, la fournaise d’un lit, une course poursuite, une paire de lèvres, Nathalie, un corps à corps, des corps encore, décors de corps, des corps à cordes, des cordes encordent…
Un mouvement sur ma gauche interrompt cette résurgence d’événements ardents. Une onde naît sur mon épaule, parcourt mon bras en une douce caresse et vient se fondre dans ma main. Je prends conscience d’une seconde présence à mon côté. Un tendre chatouillis à l’intérieur de ma paume m’indique que celle-ci héberge maintenant une couvée de jeunes doigts.
Un nouveau palier de mon réveil est franchi. Toujours sans bouger, j’identifie assurément la main enserrante et dominante de Nathalie sur ma droite à l’opposé de la douce et nidifiante étreinte de Catherine. L’instant est féerique, alors que mon esprit est encore baigné d’une parcelle de sommeil, alors que mon corps à corps avec Morphée s’achève en une marée descendante, je prends conscience que ...
... le monde du réel est encore plus beau que celui des rêves, je réalise que je partage mon intimité avec deux sirènes.
Une appréhension vient toutefois ternir cette matinale idylle : mes pensées peignent-elles un tableau fidèle de ma réalité ? Ne serait-il pas préférable de rester entre deux eaux et prolonger ce présent extatique ? Couard, je renonce au monde factuel et laisse mes songes s’immerger à nouveau dans les limbes chimériques.
Bientôt, un flot renouvelé d’images distille dans tout mon être des émotions d’aventures vécues ou supposées l’être.
Le monde des paroles
— Debout flemmard !
— …
— Allez hop, tu as assez roupillé avec ton mât au vent !
— Hein ? Quoi je…
— Mais oui, je t’assure que ça fait une heure que j’aurais pu hisser un spi sur ta virilité…
— Quoi… comment… qu’est-ce que tu dis ?
— Eh bien, tu es plus réveillé du bas du corps que du haut !
— Non, mais je…
— Allez, raconte un peu à quoi tu rêvais pour être dans un état pareil… à moi j’espère ?
— Heu… non ce n’est pas ça… ça m’arrive des fois… c’est quand j’ai la vessie… heu… qui presse contre la prostate…
— T’es trop con et trop craquant, Éric
— Oui mais non, enfin ce n’est pas ce que je veux dire
— On t’a déjà dit que tu as une tête aussi expressive qu’un caméléon ? Tu passes du blanc au rouge en trois secondes…
— …
— Et range ton manche à balai dans un slip, on fera les nettoyages un peu plus tard
— …
— Hum… couleur Bordeaux 1975… une bonne année ?
— Heu… il est où mon slip ?
— ...