1. Addicte (6)


    Datte: 24/03/2019, Catégories: Lesbienne Auteur: Orchidée, Source: Xstory

    ... moi, je n’ai pas envie d’affronter ça toute seule.
    
    « Ça » c’était l’incontournable plongeon dans l’atmosphère du vedettariat. Semblable à une icône de la Russie des tsars, elle déambula avec désinvolture parmi les notables. Paris à ses pieds, la notoriété lui allait à merveille. Ma présence attira quelques regards sans soulever aucune objection.
    
    Accrochée à mon bras comme à une bouée de sauvetage, Talya sourit à un parterre de membres distingués du monde de l’art, de la culture et de la presse. La majorité de ces gens m’intégra comme un élément d’ornement, une fantaisie de la star. La bourgeoisie plaisante dans le cercle privé se montrait dédaigneuse en public. Les reporters paraissaient au contraire attentifs à chacun de mes gestes, ils guettaient la moindre de mes paroles. Le silence s’imposa.
    
    – Cette demoiselle est votre nouvelle égérie ? s’emballa une journaliste pressée de nous photographier ensemble.
    
    – Ne soyez pas aussi impatients, laissa filer Talya énigmatique, vous le découvrirez à ma prochaine exposition.
    
    – Quel couturier retient votre attention pour les défilés à l’automne ? s’informa un autre après avoir bousculé plusieurs de ses collègues.
    
    – Celui qui oubliera son ego pour mettre la femme en valeur, bien entendu, soupira la vedette blasée, comme toujours.
    
    – Que pensez-vous de la polémique Karl Lagerfeld ?
    
    – Exiger un 32 de tour de taille à des mannequins qui mesurent plus d’1 m 80 est un crime, s’emporta Talya dont le sourire disparut ...
    ... derrière la colère. Ce type est dangereux, le talent n’excuse pas tout.
    
    Les requins de la presse auraient fait bombance toute la soirée et davantage à la table des questions-réponses si on leur en avait laissé l’opportunité. Talya vida sa coupe d’une traite puis me délivra d’un verre de jus d’orange à moitié plein, la réception l’ennuyait, il était temps de quitter la galerie peu après 18 h 30.
    
    – Maintenant, veuillez nous excuser, lança-t-elle avec une amabilité un peu sèche, on est attendues.
    
    La tranquillité revint sitôt le portique de la salle passé, on se précipita vers la sortie en riant. Le soleil nous surprit bras dessus bras dessous sur le trottoir, comme des complices de toujours. Les journalistes n’avaient pas osé suivre, l’anonymat parmi les badauds et les touristes se voulut rassurant.
    
    – Si on passait chez moi, je voudrais me changer.
    
    – D’accord. On fera ensuite un saut à mon hôtel, je n’aime pas me balader sans un appareil photo.
    
    Je me promis de faire attention à ne rien précipiter, la frontière entre le charme et la provocation se voulait parfois bien floue.
    
    Un taxi nous déposa en début de soirée devant la façade sombre enjolivée d’estampes d’un autre siècle duJardin de la Villa, un hôtel 4 étoiles dans le 17ème arrondissement. Ce genre d’établissement faisait rêver la gamine que j’avais été, il m’impressionnait ce soir, surtout en compagnie de Talya.
    
    – Tu dors ici ?
    
    Attendrie par mon émotion perceptible, elle me prit par la main pour ...
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