Dimbo (1)
Datte: 10/03/2019,
Catégories:
Hétéro
Auteur: Doogy Woogy, Source: Xstory
... femme était au bord des larmes. Malgré cette anomalie, c’était son bébé. Elle l’aimait déjà et elle défendrait cette petite créature contre vents et marées. Elle était sûre que la particularité de sa fille se développerait plus tard. En attendant, elle l’aimerait autant que si elle avait été difforme.
Durant toute son enfance, Dimbo – comme l’avait appelée sa mère – dut faire face aux moqueries constantes des autres enfants, plus normalement constitués aux yeux de leurs parents. Il était vrai qu’elle tranchait, avec ses longs cheveux couleur de paille, sa peau rose et ses grands yeux bleus. Parfois, ça se calmait, notamment lorsque le garçon qui faisait les plus grosses merdes du monde commença à se déplacer un peu partout dans le camp : dès que sa mère baissait sa vigilance, il en profitait pour s’introduire dans une roulotte voisine où il ne manquait pas de déféquer en conséquence. Sa mère, la femme qui puait le plus, se mit tout le monde à dos, même si elle était déjà un peu mise à l’écart pour le confort olfactif des autres. Il avait fallu, tout de même, abattre le petit, tant les désagréments étaient insupportables car le gamin continuait à évacuer ses déjections au petit bonheur la chance… si l’on pouvait parler de bonheur ou de chance dans son cas ! Mais il y avait toujours un apollon local pour jeter au visage de Dimbo des épluchures ou tout autre résidu en décomposition avancée, sans oublier de lui crier « T’es normale, t’es normale ! » comme si c’était une ...
... tare.
Dimbo était une fille anormalement triste, très solitaire et manquant totalement de confiance en elle. Rejetée par ses comparses, elle traînait souvent dans la forêt voisine. Elle y écoutait le chant des oiseaux qu’elle trouvait bien plus harmonieux que les cris perpétuels des autres enfants. Elle appréciait tout particulièrement le chant des corbeaux. Elle pouvait passer des heures, immobile au milieu des arbres. Ces oiseaux avaient pris l’habitude de la voir venir, si bien qu’ils ne la craignaient plus. Et quand ils la voyaient arriver, ils se regroupaient sur les plus basses branches pour entamer leur récital. Et à force de les écouter, au fil des ans, elle commençait à comprendre ce que se disaient ces noirs volatiles.
Elle avait cependant deux amis qui ne voyaient en elle que l’être humain, pas la petite fille atrocement normale. Le premier était un curieux métissage : il était mi-humain, mi-souris ! Sa particularité lui valut de faire des rodéos sur des animaux improbables, pour le plus grand bonheur des spectateurs qui riaient de le voir finalement chuter après s’être copieusement fait secouer. Le second était tout aussi singulier puisque ce garçon était mi-homme, mi vache. Si ce n’étaient les cornes dont chacun se méfiait, ses camarades d’écurie s’en seraient volontiers moqués. Il faut dire que ce garçon, à la généreuse poitrine digne des meilleures Prim’Holsteins, était si efféminé que le directeur l’avait convaincu de jouer une resucée de « La cage aux folles ...