1. Erotisme et poésie (11) Guillaume Apollinaire : « Lou ma rose »


    Datte: 01/05/2024, Catégories: A dormir debout, Auteur: Olga T, Source: Hds

    Guillaume Apollinaire (1880-1918) était à l’évidence incontournable dans cette série consacrée à la poésie érotique.
    
    Pierre Perret écrit dans son Anthologie que le poète d’Alcools était « un incontestable magicien des mots qui chantent les parfums des fleurs ou ceux des aisselles de la femme, ou encore qui subliment la pointe rose des petits seins de Lou », son grand amour. Perret souligne « la densité sensuelle de ses vers » qui évoque immanquablement « la légèreté de ceux de Verlaine, s’ils n’en possèdent pas toujours la richesse. »
    
    Je suis fidèle à un des choix que propose Pierre Perret dans son Anthologie, dans « l’immense trésor du brûlant Guillaume ». Pierre Perret nous propose des poèmes « colorés d’érotisme », de « pures odes sensuelles débordantes de passion » qu’Apollinaire écrivit par centaines et expédia du front pendant la Grande Guerre à Louise de Coligny-Châtillon, qu’il appelait tendrement son « petit Lou »
    
    C’est l’un de ces poèmes, « Lou ma rose » que j’ai choisi ici. Conformément aux règles que je me suis fixées dans cette série « Erotisme et poésie », je n’évoquerai de la biographie et l’œuvre d’Apollinaire que ce qui concerne ce poème.
    
    LE POETE
    
    Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire, est né sujet polonais de l'Empire russe, en 1880 à Rome. Il meurt à Paris le 9 novembre 1918 de la grippe espagnole, mais est déclaré mort pour la France en raison de son engagement durant la guerre.
    
    La part ...
    ... érotique de son œuvre, principalement trois romans (dont un perdu), de nombreux poèmes et des introductions à des auteurs licencieux, est également passée à la postérité, comme l’ensemble de son œuvre poétique.
    
    En août 1914, il tente de s'engager dans l'armée française, mais le conseil de révision ajourne sa demande car il n'a pas la nationalité française.
    
    Il part alors pour Nice où sa seconde demande, en décembre 1914, sera acceptée, ce qui lancera sa procédure de naturalisation. Peu après son arrivée, un ami lui présente Louise de Coligny-Châtillon (1881-1962), lors d'un déjeuner dans un restaurant niçois. De son vrai nom Geneviève Marguerite Marie-Louise de Pillot de Coligny, divorcée, « Louise » sera l’une des premières aviatrices françaises. Elle demeure chez son ex-belle-sœur à la Villa Baratier, dans les environs de Nice, et mène une vie très libre.
    
    Guillaume Apollinaire s'éprend aussitôt d'elle, la surnomme Lou et la courtise d'abord en vain. Il lui envoie ce billet enflammé : « Vous ayant dit ce matin que je vous aimais, ma voisine d’hier soir, j’éprouve maintenant moins de gêne à vous l’écrire. Je l’avais déjà senti dès ce déjeuner dans le vieux Nice où vos grands et beaux yeux de biche m’avaient tant troublé que je m’en étais allé aussi tôt que possible afin d’éviter le vertige qu’ils me donnaient. »
    
    Elle finit par lui accorder ses faveurs et, quand il est envoyé faire ses classes à Nîmes après l'acceptation de sa demande d'engagement, elle l'y rejoint ...
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